On pourrait croire, s’agissant de deux pays frontaliers qui partagent beaucoup, que l’Inde et le Népal se ressemblent et se mêlent. L’Inde elle-même semble parfois considérer que le Népal est une annexe d’elle même qui ne sert qu’à aller y passer ses vacances. Cependant, si vous prenez le temps de découvrir un tant soit peu les deux pays, vous remarquerez bien vite qu’il n’en est rien.
Les népalais et les indiens entretiennent entre eux des relations compliquées à comprendre, surtout pour un européen. De nombreux indiens m’ont dit « Mais tu vas au Népal ? Il n’y a rien à voir là bas, tout juste un temple à Katmandou, et encore ! » alors que je rêvais de lacs tranquilles, de paysages merveilleux,de villages adorables, de sommets enneigés.
Les indiens donc, parce qu’ils n’ont pas le même système de valeur que nous, ont tendance à ne pas donner au Népal la même valeur que nous lui donnons. Les deux pays entretiennent des relations d’amitié, ils échangent de nombreux produits, mais aussi de la population… Beaucoup de népalais viennent travailler en Inde, le plus souvent pour des travaux de base très mal payés. On remarque aussi un autre phénomène : les universités népalaises ayant du mal à décoller, les népalais les plus riches viennent souvent s’instruire en Inde. Parfois ils y restent pour travailler.
Ce fait, ajouté au fait que plus de 50% des exportations népalaises vont vers l’Inde, contribuent largement au fait que l’économie népalaise soit très dépendante de son grand voisin.
D’ailleurs, les népalais gardent en eux une certaine rancoeur : on peut s’en rendre compte lorsque l’on aborde le sujet avec eux. Le mépris et la condescendance indienne les fatigue et les rend méfiants vis à vis de ce « peuple ami ». Cela ressemblerait, finalement, à deux frères qui se chamaillent…
On oublie souvent, à côté du gigantesque pays qu’est l’Inde, que le Népal n’a pas à rougir de sa taille : sa superficie est équivalente à celle de la Tunisie. Mais l’enclavement complet du pays, entièrement coincé entre les deux géants que sont l’Inde et la Chine, le mettent et l’ont toujours mis en état de faiblesse.
Aujourd’hui, malgré une certaine croissance économique et malgré le nombre de téléphones portables et d’antennes satellites en circulation, le Népal reste un des pays les plus pauvres au monde. L’Indice de Développement Humain du Népal est de 0.463, quand celui de la France est à 0.812 et l’Inde à 0.554.
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Quand on s’y rend, quand on discute, on se rend compte que l’histoire politique très agitée de ces 50 dernières années (le dernier accord de paix a été signé en novembre 2006) ont fortement ébranlé la population : les stigmates sont encore bien visibles. Des symboles communistes apparaissent un peu partout, les népalais hésitent à parler de politique (par contre, lancez-les sur le football ou le cricket, ils sont intarissables !) … Mais, surtout, il est flagrant que « ma » génération (les 20-35 ans) n’a pas eu accès à l’éducation. Durant les années qui les ont vu grandir, le pays était très chaotique, extrêmement pauvre et, l’école n’existant plus vraiment, la population était quasiment entièrement illettrée. Aujourd’hui, ces personnes ne parlent pas un mot d’anglais et ont souvent l’air (je cite !) « un peu hagards, un peu bêbêtes ».
A côté, les plus âgés (+ de 40 ans) et les plus jeunes (- de 15 ans) semblent différents, même les jeunes enfants parlent un anglais dont le niveau ferait rougir plus d’un élève de 16 ans en France, ils sont cultivés, ont de bonnes notions de géographie, ils ont l’air de « mieux comprendre » le monde autour d’eux que leurs parents (ou leurs enfants). Surprenant au début, mais on comprend vite lorsque l’on s’attarde un peu sur l’histoire…
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Enfin, je finirais sur une note moins ennuyeuse : pour le touriste aussi, l’Inde est bien différente du Népal :
Hindouisme / Islam / Bouddhisme / Christianisme / Jaïnisme / Sikhisme / etc… en Inde, Bouddhisme / Hindouisme / Religions très locales au Népal.
Train / Bus / Avion (pour les riches !) pour les longues distances, Vélos-rickshaws, Rickshaws (tuk-tuk) et Vikram (Tempo) collectif pour les courtes distances en Inde. Véhicules privés : le vélo est très utilisé, la possession d’une voiture est « réservée » aux plus riches, la moto est le véhicule roi (rapide, se faufile partout, et en plus on peut mettre toute sa famille dessus !).
Au Népal, les massifs montagneux empêchent la construction de chemins de fer, donc le bus et l’avion sont les seuls moyens de transport possibles pour les longues distances. Je n’ai vu aucun Rickshaw ni Vikram (les deux sont interdits à Katmandou à cause de la pollution), par contre les vélos-rickshaws sont très courants. Les voitures privées sont assez anecdotiques mais on prend facilement un taxi (vraiment bon marché). La moto est autant utilisée qu’en Inde.
Les deux régimes alimentaires se ressemblent beaucoup. Un Thali indien ressemble de loin à un Dhal Bhat népalais, on y retrouve le dhal de lentilles, le riz, les chapatis, les papad et les légumes.
J’ai l’impression que la nourriture indienne est plus variée, ce n’est peut être qu’une impression…
Enfin, en Inde, beaucoup de végétariens, les viandes que vous trouverez seront quasiment toujours du poulet et du mouton.
Au Népal, on trouve aussi facilement du boeuf !
Je me suis sentie bien plus en sécurité au Népal qu’en Inde. Les gens y sont beaucoup plus « sereins » dans leur façon de faire et de communiquer et on se sent bien moins stressé et oppressé qu’avec des indiens.
Ajoutez à ça que les népalais semblent avoir une vision de la femme et, surtout, de la femme blanche bien différente de celle des indiens : en se promenant en short/débardeur dans une ville népalaise, on se fait bien moins regarder qu’en étant en salwar kameez dans une ville indienne…
Au Népal, j’ai passé Holi au milieu de népalais, dans des espaces bondés, la bière coulait à flot, les gens dansaient : tenue exemplaire de la part de la population, je crois qu’aucune des étrangères (ou des népalaises…) sur place n’a eu de problème. Grande impression de bienveillance générale, de personnes présentes pour s’amuser et pas pour gêner leur voisin(e).
En Inde… Ce cas de figure est quasi-impossible. On a tendance à déconseiller aux étrangères de sortir dehors non accompagnées pour Holi parce qu’à cause de l’alcool, des drogues et de l’ambiance de fête, les hommes deviennent complètement fous.
(NB : quand j’ai montré mes photos et vidéos de Holi à des amis indiens, ils n’en revenaient pas : des blanches en short en train de danser au milieu des népalais, en toute quiétude. Un espace bondé, et moi à côté qui leur disait que non, aucun problème à signaler, j’avais passé une après-midi géniale. Ils se sont regardés et m’ont dit « Et bien heureusement que tu as passé Holi au Népal. Ici ce genre de scène est impossible ! »)
A côté de ça, mes propos enthousiastes ne reflètent que mon impression personnelle… Ca ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi (surtout que je suis restée dans des grandes villes !).
Attention aux pickpockets et au vols en général dans les deux pays : ni les indiens ni les népalais ne sont de nature « voleuse », mais rappelez vous que beaucoup des gens que vous êtes susceptibles de croiser ont du mal à nourrir leur famille…
Aaaah, on en trouve partout ! Mais il faut avouer qu’au Népal, nous étions bien souvent beaucoup trop méfiants par rapport à la situation.
En Inde, on se méfie de chaque personne qui nous aborde, et 80% du temps, on a bien raison. Au Népal, j’ai eu l’impression que les gens avaient pratiquement toujours des bonnes intentions… (à vrai dire, on s’est fait arnaquer une fois au Népal, « comme des bleus » en plus… C’était par un indien !)
En Inde comme au Népal, on marchande sur TOUT : coûts des trajets, chambres d’hôtels, achats…
En Inde, le marchandage est par culture un acte normal que les gens feront sans agressivité, mais avec une rudesse qui pourra parfois vous surprendre : ce n’est pas de la vraie colère, mais l’habitude veut que l’on mette en avant le fait que l’on est pas content (et donc que l’on « tire la tronche ») jusqu’à obtention d’un prix satisfaisant.
Au Népal, j’ai trouvé le marchandage en général plus souriant, plus calme (un peu comme en Thaïlande, étant donné les témoignages de mes camarades « français en Inde » qui sont partis y passer leurs vacances…).
Les prix sont à peu près équivalents dans les deux pays (l’alcool et la viande sont moins chers au Népal, par contre).
- Hôtels / Qualité de vie :
Grosso modo pareil dans les deux pays. On trouve de tout, ça dépend combien on veut y mettre…
Nous avons eu un rapport qualité/prix satisfaisant dans les deux hôtels dans lesquels nous avons logé.
En Inde, la multitude de choses à voir est impressionnantes. Paysages montagneux dans le nord, magnifiques palais au Rajasthan, mosquées et mausolées à Delhi et dans l’Uttar Pradesh, lieux de prières et temples impressionnants un peu partout, plages et backwaters dans le sud, réserves naturelles du Madhya Pradesh et du Gujarat… Difficile d’être repu,tout est magnifique et il y en a pour tous les goûts !
Le Népal s’avère moins diversifié : la principale attraction reste les montagnes et tout ce qui les entoure (kayak, paragliding, etc…). Ceci dit, de nombreux temples hindous et bouddhistes valent également le détour, et Katmandou est définitivement une ville à visiter !
Les prix d’entrée des visites sont plus élevés au Népal qu’en Inde, mais 75% du temps il est possible de ne pas payer en entrant par une autre porte.
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Bon, on l’aura compris, j’aime beaucoup l’Inde, mais j’ai eu un véritable coup de foudre pour le Népal.
Sources :
Quelques stastiques
Histoire du Népal (très résumée)
A la découverte du Népal
Wikipédia (évidemment !)
Mon trajet vers le Népal (et toute la suite dans les articles suivants…)