Police registration (FRRO) – épisode 6

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Allez, on ne va pas mentir, on a fini par tirer les bonnes ficelles !

L’une d’entre nous a un copain dont le père est dans l’armée et donc connait un mec bien placé dans l’armée (vous avez suivi ?).

Il se trouve que dans l’Inde du Nord, l’armée est hiérarchiquement « au dessus » de la police et donc pour débloquer la police, ce n’est pas une mauvaise idée de passer par l’armée… Le père de cet ami a donc entendu parler de nos problèmes, nous a dit « oooh, vous auriez du en parler plus tôt, ici en Inde avoir des contacts c’est vraiment TRES important. »

Bon, ok. Ca plus le responsable international qui est venu râler une fois de plus, ça a fini par débloquer je ne sais quoi mais ce matin, nous avons encore été appelés pour un départ au poste de police !

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Comme d’habitude, on attend que tout le monde soit prêt à partir, on a pas loin d’une heure de route (notre chauffeur a fait plusieurs détours, s’est un peu perdu, enfin normal…). Arrivée au police office. L’ambiance n’est pas la même que d’habitude…

Habituellement, des policiers et d’autres types un peu débraillés sont assis un peu partout en train de discuter ou de boire un chai. Ca ressemble à un camp de vacances pour porteurs d’uniformes… Aujourd’hui, on les sent tendus, tout le monde est tiré à quatre épingles, la grille de l’entrée est même fermée avec un officier à l’entrée qui contrôle notre véhicule (d’habitude, on rentre comme si c’était chez nous…). Bref, on ne sait pas trop ce qui se passe mais quelque chose a changé. Le chef serait donc là ? Une petite vieille qui est toujours là à chaque fois qu’on vient et qui est toujours contente de nous voir a l’air RAVIE. Elle nous babille en hindi pendant 10 minutes, on s’assoit dans un bureau, on attend.

Quelques temps après, des policiers viennent nous chercher, insistent sur le fait que nos téléphones doivent être éteints (???) et nous emmènent dans un autre bâtiment. Une autre salle d’attente.

On nous fait ensuite lever (en insistant encore sur les téléphones éteints) pour traverser une autre salle d’attente (j’ai l’impression qu’on doit bien « dépasser » 30 personnes qui attendent assis ou debout, et qui nous regardent passer d’un air curieux). Ca y est, on entre dans le saint des saints, le sanctuaire, le bureau du chef de la police de Kanpur !

Et bien, quelle surprise !

Monsieur a droit à un grand bureau, une télévision allumée (qu’il regarde), des petits drapeaux indiens un peu partout. Derrière lui trône un hommage à toutes les anciennes personnes à son poste, un peu partout sont affichées divers photos-montages de lui en compagnie de personnalités indiennes ou étrangères (si, sérieusement !).

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C’est lui, là, dans son bureau.

Face au bureau sont placées 3 rangées de 8 chaises sur lesquelles sont assises des gens. Un tas de policiers sont postés dans le bureau et à la porte. On s’assoit et on attend encore cinq minutes que d’autres personnes assises sur les chaises se lèvent et viennent faire leur requête, le plus souvent en commençant par une petite courbette et en lui parlant avec déférence.

J’ai un fou rire. Ce type finalement sans grande importance et qui a tous les pouvoirs à Kanpur (qui reste quand même une des plus grandes villes de l’Inde, même si c’est aussi une des plus sales…) a l’air d’avoir compris comment mettre en place un joli petit culte de la personnalité… Nous sommes assez médusés. Les indiens, civils comme policiers, s’aplatissent devant lui minute après minute.

J’ai l’impression d’être dans un film.

Enfin, c’est à notre tour. Un policier appelle la première de notre groupe, c’est lui qui tournera les pages du dossier (parce que bien sûr, le grand chef est trop bien pour tourner les pages lui-même) et qui montrera au grand monsieur où il doit signer.

Celui-ci commence d’ailleurs son interrogatoire (avec la même attitude qu’un agent du NKVD interrogerait un dangereux rebelle à la solde des Etats-Unis…) :

– Ton nom ?

– […]

– Quelle pays ?

– France

– Quels cours à l’IIT ?

– Département EEM

– Le nom complet du cours.

– Environmental Engineering Management.

– Qu’est-ce que tu viens faire en Inde ?

– Bah je viens étudier…

(monsieur hausse le ton)

– Mais pourquoi ici ?

– Pour le niveau des cours, université très reconnue blablabla…

(monsieur hausse encore plus le ton, les officiers autour de lui s’aplatissent un peu plus)

– Oui mais tu as aussi de bonnes universités en France et en Europe ! Alors pourquoi ici ? Pourquoi l’Inde ?

(mé-du-sée, je vous ai dit. J’ai l’impression qu’il nous accuse d’être venus ici… C’est mal de venir étudier en Inde maintenant ?)

– Euh bah j’aime bien le pays…

– AAAAAH. Oui les français ils aiment beaucoup l’Inde.

Il a l’air satisfait, fait un petit rire (voilà, en fait il voulait juste qu’on lui envoie des fleurs…).

– Bon, ton travail est fait. Je vais signer ton dossier.

Nous sommes abasourdis. Ce document est obligatoire dans les 19 jours suivant l’entrée en Inde, dans les autres états il ne s’agit que d’une formalité (attente réglementaire indienne + 10 minutes de vérifications, questions et signature). Et là, il nous la fait dans le registre « dis donc, quelle fleur je vous fait là, d’accepter de signer ! Vous avez vraiment de la chance que je vous accorde ça hein ! ».

Nous avons eu droit à cet interrogatoire de « formalité » les uns après les autres, debout face à son bureau, dos à tous ceux qui attendant sur les chaises de passer après vous. Humiliant ? Nooooooon.

Bon.

Au moins c’est fait.

Nous repartons dans une autre salle où nous attendons encore bien 30 minutes. Pourquoi ? Allez savoir.

Entre temps, nous voyons « monsieur le directeur » sortir de son bureau, suivi précipitamment par un petit groupe de policiers. Les autres s’écartent avec déférence (on croirait Louis XIV qui traverse sa cour…). Il y a encore plus de  30 personnes qui attendent dans la salle d’attente mais non, monsieur a du décider qu’il en avait assez fait pour aujourd’hui.

Le type qui s’occupe de nous revient et nous dit qu’il y a encore des tampons à faire, ce n’est pas bien compliqué mais bon il faut attendre un peu. Et en plus il faut nous attribuer un numéro de dossier et du coup on n’aura pas nos preuves d’enregistrement avant demain.

Bon. Ok. J’attends avec impatience d’avoir le papier entre les mains. Je n’y croirai pas avant mais à priori, mon FRRO est fait ! 

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